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COUP DE COEUR

Publié le par La Mairie de Montgiscard

La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante

Dans le nouveau roman d’Elena Ferrante, La vie mensongère des adultes, l’héroïne Giovanna a treize ans. Ses notes au collège ont baissé lorsque qu’elle entend son père dire à sa mère « -ça n’a rien à voir avec l’adolescence : elle est en train de prendre les traits de Vittoria ». La fameuse Zia Vittoria n’est autre que la sœur de son père, elle ne la connait que de (mauvaise) réputation et comme étant quelqu’un de laid. Les relations avec cette branche de la famille, d’extraction très populaire, ont été coupées quand son père est devenu universitaire puis professeur et s’est élevé dans l’échelle sociale. A partir de ce jour Giovanna ne va avoir qu’une idée : rencontrer sa tante. Elle va découvrir une Naples qu’elle ne connait pas, celle des quartiers pauvres mais aussi un univers social plus spontané, moins hypocrite et peu à peu elle va affronter les mensonges des adultes et essayer de se construire en conciliant les deux aspects de son identité.

On ne  lit  pas un roman d’Elena Ferrante, on l’écoute. Car l’auteure Italienne est avant tout une merveilleuse  conteuse. Dans un récit  à la première personne, elle nous raconte une histoire, c’est à la fois très écrit et très simple. Ça  coule, on se laisse bercer par les mots, porter par l’histoire et l’on sait que rien ne nous fera refermer le livre. Certains thèmes de ce roman ont déjà été abordés dans l’Amie prodigieuse, l’adolescence, la difficulté et le besoin de s’élever par l’instruction, et toujours Naples et ses contrastes, mais c’est toujours avec une authenticité étonnante qu’Elena Ferrante fait vivre ses personnages. Ceux de Giovanna, Vittoria et les autres restent longtemps en nous une fois le livre refermé et l’on se prend à penser que peut-être, dans quelques mois, on pourrait les retrouver …

Le petit-fils  de Nickolas Butler

Lyle et sa femme Peg, deux retraités, vivent paisiblement au rythme des saisons dans une petite bourgade du Wisconsin. Cinq ans auparavant, leur fille Shiloh les a rejoints peu avant la naissance de leur petit-fils Isaac. Des liens particuliers se sont tissés entre cet enfant éveillé et attachant et son grand-père. Mais un jour Shiloh leur annonce qu’elle les quitte pour habiter la ville voisine et se rapprocher de l’église évangéliste à laquelle elle appartient désormais, une communauté qui a tout d’une secte et dont Steven, le charismatique prédicateur n’est autre que son fiancé. Le problème est que Steven prétend qu’Isaac a des dons de guérisseur. Lyle se rend vite compte de l’emprise qu’a cet homme sur sa fille et n’a qu’une idée, sortir son petit-fils de là.

Ce roman de Nickolas Butler nous plonge dans cette Amérique des nouvelles églises évangélistes dont on a du mal à imaginer qu’elles puissent à ce point rassembler autant de fidèles par le seul talent de prédicateurs habiles, souvent plus escrocs que dévots. Le personnage de Lyle qui se bat à la fois sur le terrain et dans sa tête pour essayer de comprendre et sauver son petit-fils, est d’une force et d’une humanité inouïes. La nature brute du Midwest est une toile de fond idéale pour nous faire ressentir l’immense solitude et la détresse de cet homme face à ce dilemme qui le dépasse. La scène finale est d’une beauté époustouflante.

Il y a longtemps qu’un roman américain ne m’avait pas autant touchée. Gros coup de cœur de ce printemps confiné.